Cette page d’historique vous emmène pas à pas à travers le long processus de création puis d’évolution du jardin de L’Escalier.
1997-1998
L’historique débute en 1997. Mais l’histoire du jardin a réellement commencé avec le défrichage de parcelles acquises en 1975 et la création d’un banal potager en lanières voué à la production et complètement perméable aux jardins du voisinage.
Circulez, il n’y a rien à voir.
Tiraillée entre le jardin et l’atelier de peinture, l’idée m’effleure d’abandonner cette terre si durement conquise. Mais comment imaginer un printemps sans guetter la première levée de ciboulette ou la percée des jonquilles ? Ce sera donc l’atelier que je déserterai, le temps de faire du jardin une « œuvre ». À l’automne 1997, s’effectuent les premières simulations avec des piquets pour préfigurer le nouveau potager.
Au printemps 1998, les futures allées sont décaissées, la terre est surélevée là où prendront place les carrés entourés de fascines.
Plantation des piquets et création des plessis. Les gaulettes de châtaignier, arrivées du Limousin, sont hébergées dans un étang de pêche pour s’assouplir avant le tressage.
Peu à peu le nouveau jardin se dessine. Un grand bassin est creusé pour délimiter la partie potager du futur verger.
Les premières plantations commencent pendant que s’édifient la cabane surélevée baptisée « l’observatoire » et la pergola qui borde le grand bassin.
Encore un peu brut de décoffrage, le jardin s’ouvre pour la première fois au public dans le cadre de « Juin, mois des jardins » piloté par la DRAC.
1999 Le verger
Un verger est implanté derrière la pergola du grand bassin. Une haie de hêtres, entrecoupée par des choux Nero di Toscana délimite le verger au sud et crée une chambre verte au bout du jardin.
2000 On améliore
Mise en place d’une structure en bois derrière la haie de hêtres pour accentuer l’effet de chambre. Les rangées de pommiers sont bordées de gabions remplis de galets du Rhin.
2001-2002 Tout est à refaire au potager
En octobre 2001, les gros travaux recommencent au potager. Les gaulettes de châtaignier qui devaient résister 10 ans ont tenu 4 ans à peine. Avant l’hiver, la terre est montée en pyramide au centre des carrés pour permettre de nouveaux tressages au printemps suivant.
En mars 2002, les anciennes fascines sont démontées.
Cette fois-ci nous avons opté pour des lames de métal coupées sur mesure. Au lieu des 8 jours de mise en oeuvre qu’il nous avait fallu pour réaliser les fascines en châtaignier, tous les carrés sont reconstruits en une seule journée.
Nous en profitons pour réduire leur dimension afin d’élargir les circulations. Nous modifions également le plan d’implantation du potager. Une tonnelle en métal remplace trois fascines hautes à l’entrée du potager. De grands papillons réalisés lors d’un projet avec des scolaires viennent l’habiter la première année en attendant que la végétation ne s’y développe.
2007
Le hangar, au bout de l’atelier, est un emplacement délaissé par les usagers du site, sauf pour y amonceler toutes sortes d’objets encombrants venant s’additionner à ceux qui sont déjà accumulés ici depuis des années : résidus de démolitions, grumes de bois, chutes de planches et de panneaux, sculptures en disgrâce, éléments de décor et accessoires de théâtre entreposés là.
Dans le cadre de son diplôme, Dimitri MESSU, un jeune architecte en résidence à l’Escalier, utilise cet espace pour une installation in situ.
La formidable énergie injectée dans cet espace a transformé l’usage du lieu et a préparé sa réappropriation quelques années plus tard. Fin 2007, le Jardin de L’Escalier obtient le label « Jardin Remarquable » décerné par le ministère de la Culture et de la Communication.
2008 État des lieux
Peints en bleu, des arbres palissés, récupérés dans un autre jardin où ils ont été abattus, servaient de motif graphique le long de la clôture d’un voisin.
Dix ans après leur installation à l’Escalier, ils sont vermoulus et tombent en miettes.
Le pont qui travers le bassin est pourri et devient impraticable.
Les structures et pergolas s’effondrent
Les jardinières d’aromatiques ont vécu, elles aussi.
On recommence l’ancien et on rajoute du neuf
Par une journée brumeuse d’hiver, plantation d’arbres double U pour remplacer la frise d’arbres bleus.
La structure du jardin zen, la pergola du grand bassin et le pont sont reconstruits.
Une nouvelle clôture ajourée se glisse derrière les nouveaux arbres palissés pour les mettre en valeur.
Le buldozer façonne le chemin technique qui longe l’ancienne menuiserie et une petite serre est installée dans la pépinière nouvellement créée.
Un portail vient fermer le site sur l’arrière.
2009 Nouveaux projets
Au printemps nous créons un jardin méditerranéen sur la façade sud de l’atelier de menuiserie en plantant des pins, des cyprès de Florence, des figuiers et des lavandes.
Le jardin d’ombre qui lui fait face s’étoffe. Une grosse pierre enfouie dans le sol nous donne du fil à retordre. Nous mettons trois jours à l’extraire avant de pouvoir finir les plantations.
Nous installons de nouvelles structures en bois : un ponton en porte à faux sur une butte, futur solarium ou scène de plein air pour accueillir spectacles et orchestres.
Un passage surélevé traverse le jardin zen.
De vieux volets géants et un meuble d’une autre époque, récupérés sur le site, sont mis en scène pour la création d’un lounge. Le hangar change de statut et devient un espace à vivre.
En automne, après la fermeture du jardin, d’autres gros travaux sont effectués pour préparer la saison suivante. De grandes banquettes sont crées pour se prélasser au soleil.
Le grand bassin du potager est entièrement refait.
Le petit bassin de l’Agora qui fuyait est remis à neuf.
2010
Au printemps, un nouveau pensionnaire arrive au jardin zen de l’Escalier : un niwaki adopté le 28 mai.
Le 3 juin, très exactement, je me suis lancée dans la taille du juniperus de l’Agora pour le transformer lui aussi en niwaki. Sur une impulsion, je suis « rentrée dans l’arbre » et c’est lui qui m’a dirigée pour la taille. Maintenant va falloir attendre quelques années pour que les « nuages » s’étoffent.
Un tapis peint à la chaux agrémente le lounge couvert.
La séquence d’accueil s’améliore grâce à la mise en place d’une structure en bois qui marque le passage.
Le 14 août, un petit espace sur l’avant de la maison d’habitation se transforme quasiment en une journée et avec les moyens du bord : vieilles palettes, seaux noirs, tronçons de traverses, blocs de pierre divers, cailloux de toutes sortes, quelques végétaux achetés en soldes ainsi qu’un petit système de fontaine japonaise évoquant les tsukubai des jardins de thé.
Au Japon, ces jardins construits dans un espace réduit, généralement entourés de bâtiments ou de clôtures s’appellent des tsuboniwa. Exercice difficile en réalité : dans un espace si petit, il n’ y a pas de place pour l’erreur.
Début septembre : montage d’un poulailler en kit.
Quelques jours plus tard, Pauline et Paulette, Agathe et Hector le coq, viennent le peupler. Vendredi le 10 septembre, Hector a émis son premier cocorico dans le quartier. Très vite les poulettes se familiarisent avec l’espace du jardin et se mettent à pondre.
2011 Installation du pavillon Lotus
D’abord il faut démolir la cabane des enfants, vermoulue et couverte de mousse. Il faut dire qu’elle a tenu 30 ans !
Le pavillon préfabriqué arrive dans la rue de Pfaffenhoffen.
Entrée dans le site. Ça passe tout juste au niveau du portail et des gouttières de l’atelier.
Au bout de son parcours, le pavillon est posé sur ses pilotis.
Et voila la nouvelle chambre d’hôtes Lotus, prête à accueillir ses premiers hôtes au coeur du jardin.
2012 Une nouvelle pergola à l’entrée du jardin
Elle a été crée dans l’intention de renforcer la sensation de « passage » entre le monde extérieur et le monde sacré du jardin.
Du coup, l’ancienne pergola est utilisée devant La Table de L’Escalier pour délimiter une petite terrasse où l’on peut s’installer pour prendre un thé ou savourer le brunch du dimanche.
2013 Transformation du hangar qui devient un espace polyvalent
Le hangar avant la transformation.
Tout est vidé (ou presque).
L’installation de portes bleues de Dimitri Messu est démontée. Les poutres qui reposaient au sol pour y faire sécher les grumes de bois sont réutilisées en mur de séparation.
Le nouvel espace accueille un mariage début juillet.
En septembre s’y tient la première exposition.
2014 Création de 5 nouveaux espaces : des « jardins dans le jardin »
- le « tokonoma » de la séquence d’accueil
Dans la maison japonaise traditionnelle, le tokonoma, élément essentiel de la décoration, est une alcôve au plancher surélevé où l’on expose des calligraphies, des estampes, des plantes (ikebana, bonsaï, kusamono), ou des objets d’art.
Ici, un espace sous la pergola d’accueil reprend les codes du tokonoma (placé dans un angle, délimité par un poteau, légèrement surélevé). Un paysage de pierres et de mousses, des plantations, le ruissellement de l’eau invitent à la contemplation silencieuse dès l’entrée au jardin.
- le bassin aux têtards dans le « passage »
Cette ville miniature, faite de pots, de pavés, de dalles, de briques, de bric et de broc est l’aire de jeu pour les têtards qui naissent à l’Escalier.
- la rivière sèche du jardin zen
Le jardin zen se traverse sur une passerelle surélevée. La rivière sèche (Karesansui) réalisée quelques années auparavant a été totalement remodelée.
- le jardin de thé près du pavillon Lotus
Dissimulé derrière une clôture en bambous, il se concentre autour de l’irori, petit foyer à la japonaise où l’on fait chauffer l’eau pour la cérémonie du thé. On rejoint la terrasse avoisinante par un petit ponton et des pas japonais constitués de troncs d’arbres coupés. C’est un endroit un peu secret, à l’ombre d’un grand conifère.
- le jardinet à l’entrée du potager
Un espace disqualifié du jardin trouve un nouvel éclat avec le « jardinet », un mini jardin en étages, agrémenté de deux bassins envahis par les plantes aquatiques. Il est planté de fleurs comestibles qui décorent les assiettes de la table d’hôtes. Un toit en forme de pagode est posé sur une structure aérée en bambous à l’intérieur de laquelle sont suspendus des abris pour insectes. Un écosystème en soi.
2015 Comparaisons
Évolution du jardin méditerranéen depuis sa création en 2008
Maintenant les pins et les cyprès dépassent la gouttière de l’atelier et les figuiers débordent largement sur l’allée gravillonnée.
Le juniperus taillé en 2010 pour devenir un « arbre nuage » a bien bougé aussi.
2017 Création d’un labyrinthe dans le grand bassin
Le chantier
Aspect après la mise en eau
2018 Encore un recommencement
La structure des jardinières aromatiques sur la frontière Est du jardin s’écroule vers les voisins. Celle du ponton-solarium est pourrie. L’ossature bois de la serre est aussi en piteux état. À refaire !
2020 Une année particulière
Pier, Rozenn et Arthur sont venus se confiner à Brumath plutôt que de rester dans un cinquième étage à Paris. Ils m’ont offert un Chamaecyparis taillé en nuages pour témoigner de ce temps si particulier. Il a été installé à côté du Juniperus de l’Agora, lui aussi taillé en nuage.
2020 c’est aussi l’année où le ciel nous est tombé sur la tête. Le haut de la pergola d’accueil a cédé en causant quelques dégâts matériels, mais heureusement, personne ne se trouvait en-dessous lors de la chute.